Interview du Docteur Philippe Kindynis : du quotidien à la vision de l’avenir

19 décembre 2019

Actualité MEDIMAGE

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En quelques questions, le Docteur Philippe Kindynis nous éclaire sur les perspectives du Centre et de la radiologie en général.

Chers patients, chers partenaires, chers amis, la Direction et l’ensemble des collaborateurs Medimage vous souhaitent de belles fêtes et une heureuse nouvelle année.

Comment et dans quelle direction se développe Medimage ?

Nous proposons les dernières technologies en radiologie de proximité  et souhaitons constituer une valeur ajoutée pour les quartiers qui nous environnent, Champel, Tranchées, Malagnou.

Nous sommes équipés d’un matériel de dernière génération, notamment Scanner, IRM, ultrasons et réunissons une équipe très compétente dans les domaines de l’ostéo-articulaire, de l’imagerie de la femme, de l’imagerie cardiaque et des techniques de pointe comme l’échographie et le traitement de la douleur.

Qu’attendent les médecins prescripteurs, aujourd’hui, dans leur relation à l’imagerie médicale ?

Avant tout de la disponibilité, notamment dans les prises de RV, ainsi que la transmission rapide et facile des résultats. Bien sûr, la compétence et le service personnalisé sont des prérequis.

Qu’attendent les patients ?

De l’écoute, du dialogue, une information claire et de la sollicitude. Plus les années passent et plus je m’aperçois que la communication est le centre de notre métier, aussi bien avec les patients, qu’avec nos correspondants. Quoi de plus enrichissant que l’échange et la confiance mutuelle dans ce monde instable ?

Selon vous, comment évolue et évoluera le secteur de l’imagerie médicale à Genève ?

La tendance est à la concentration des ressources médicales entre de gros acteurs, financiers. Cela concerne les cliniques privées et indirectement certains instituts de radiologie liés à ces dernières.

L’état, par l’intermédiaire de la clause du besoin, veut limiter le nombre d’équipements médicaux, afin de diminuer — croit-il — les coûts de la médecine. Ma vision est plutôt contrarienne, la population n’est pas extensible et les infrastructures sont autolimitées si elles veulent demeurer rentables et être viables.

Le souhait de la population n’est pas de se rendre dans un unique centre de compétence, mais de disposer à proximité de son lieu de travail ou d’habitation, d’un pôle de compétence efficace et à taille humaine, c’est-à-dire chaleureux et accueillant. Le niveau de formation en Suisse est tel que cela est tout à fait possible.

C’est aussi un moyen de répondre au problème de la mobilité décroissante des personnes âgées et d’une population vieillissante.

Des unités regroupant plusieurs cabinets médicaux de spécialités différentes avec une radiologie et un laboratoire, réparties dans différents quartiers de la ville, seraient très pertinentes (médecine de quartier — Proximité — pôles de compétences — décentralisation).

Médimage réunit tous ces critères, grâce à une équipe extrêmement professionnelle, liée et solidaire. La circulation de l’information y est rapide et efficace entre des collaborateurs qui s’apprécient. Croyez-moi, pour avoir travaillé dans des structures plus importantes, ce sont des qualités précieuses.

Quels sont les grands enjeux et progrès en marche dans l’imagerie médicale ?

Les techniques existantes (radiographies et diminution de dose des rayons X, ultrason, CT, IRM) vont encore progresser.

La première IRM sans hélium (moins de 0,5 % de l’hélium d’un système conventionnel est utilisé et scellé de façon permanente à l’intérieur de l’appareil) a fait son apparition. C’est une bonne nouvelle, car l’hélium est un gaz naturel que l’on ne peut pas produire et dont les réserves sont limitées.

Un autre sujet a émergé ces 2 dernières années, avec l’intelligence artificielle. Va-t-elle remplacer le médecin, voire l’homme tout court ? Bien sûr que non ; je citerai une phrase entendue, lors del’inauguration du centre de génomique du service de médecine génétique il y a quelques mois (phrase du Professeur Marc Abramowicz) qui résume magistralement la situation : « L’intelligence artificielle ne va pas faire disparaître le médecin, mais celui qui ne l’utilisera pas disparaîtra ! »

L’intelligence artificielle existe depuis de nombreuses années dans notre métier, par exemple la détection assistée des cancers du sein dans la lecture des mammographies. Si vous faites le parallèle avec l’émergence et l’implantation de l’informatique dans nos vies, tout est dit.

Radiologie interventionnelle : le traitement de l’arthrose est un enjeu médical majeur. Avant la prothèse (arthrose terminale) il existe des phases débutantes à modérées, qui pourraient bénéficier de traitements permettant de préserver, voire de réparer ces articulations (injections d’acide hyaluronique à Genève, PRP-Plasma Riche-en-Plaquettes, traitement naturel qui consiste à injecter dans l’articulation du plasma issu du propre sang du patient). Malheureusement, ces traitements ne sont pas reconnus par les assurances et donc non remboursés. Pour prouver leur efficacité, il faudrait des études en double aveugle, sur une large population classée selon la gravité de l’atteinte, contrôlée par des IRM. C’est irréaliste et irréalisable.

Comment voyez-vous l’avenir de la médecine en général et quels sont les sujets qui vous préoccupent ? 

Défense de la pratique privée : l’hôpital cantonal restera toujours une structure centrale indispensable à notre formation, cardoté de compétences extraordinaires permettant de prendre en charge des cas médicaux lourds et complexes.

Paradoxalement, les révolutions essentielles de ces dernières années, notamment depuis le début des années 90, ont souvent pris naissance dans le privé ; la liste n’est pas exhaustive, mais l’on peut citer :

chirurgie mini-invasive : qui a d’abord pris naissance en chirurgie digestive (appendicectomie et cholécystectomie laparoscopique), dans le domaine cardiovasculaire (angioplastie coronarienne ou coronaroangioplastie, permettant de dilater sans chirurgie invasive des artères coronaires sténosées), dans le domaine orthopédique, permettant même d’implanter des prothèses !

chirurgie robotique avec notamment le robot da Vinci®, créé à l’origine sur commande de l’armée américaine pour pouvoir opérer des soldats à distance. Cet appareil a été installé très tôt dans une clinique privée de Genève, bien avant celui des HUG. La radiologie n’est également pas en reste puisque la première IRM du canton de Genève a été installée dans un institut de radiologie privé.

Formation : notre système de formation menace de nous échapper complètement. Sur environ 300 étudiantsen première année, la faculté de Médecine en sélectionne 150 sur concours pour la 2e année. Les autres sont recalés.

Regardons les chiffres de l’évolution des diplômes fédéraux et reconnus en médecine entre 2015 et 2018 ou sur le site www.bag.admin.ch

En 2018 (les proportions sont semblables entre 2015 et 2018), sur 3 292 diplômes reconnus, seulement 979 sont fédéraux, ce qui représente 30 %. Le corollaire est que 70 % des diplômes délivrés sont d’origine étrangère, ce qui ne veut pas dire que les détenteurs le sont. Pour preuve, de nombreux étudiants suisses partent après avoir échoué leur médecine à Genève, dans des universités étrangères, notamment en Roumanie, Hongrie, Pologne, pour revenir ensuite en Suisse et obtenir une équivalence de diplôme.

La qualité de la formation et le niveau de compétence en Suisse sont exemplaires, enviés par de nombreux pays européens : prenons garde de ne pas perdre ce leadership. Pourquoi exiler nos enfants (genevois et suisses en général) alors que l’infrastructure locale existe ?

Autre problème qui n’est pas genevois, mais mondial. La courbe des connaissances est exponentielle. Il y a une véritable explosion du savoir scientifique dans tous les domaines (médicaux et autres). Pendant combien de temps va-t-on exiger des médecins qu’ils acquièrent une connaissance pointue dans tous les domaines, pour en définitive, après 10 à 15 ans d’études et de formations se limiter, si j’ose dire, à leur spécialité.

Un solide savoir de médecine interne est certes, indispensable, mais une des pistes du futur est probablement de diviser cette formation en modules avec possibilité d’en cumuler plusieurs, bien évidemment complémentaires.

Coût de la santé : la hausse des primes n’est pas due au revenu des médecins.

En savoir plus : https://www.revmed.ch/RMS/2018/RMS-N-595/Couts-de-la-sante-ce-que-l-on-vous-cache

La polémique sur le sujet est vive mais tourne toujours autour de la même problématique : coût vs efficacité, vs qualité des soins, vs rentabilité…

Pour élever un peu le débat, la médecine coûte, mais représente aussi un formidable atout économique. Une statistique genevoise parue en 2016 montre que le domaine de la santé occupait 11 % de la population active genevoise, contre 13 % pour la moyenne suisse, et qu’elle culminait en 2013 à 25 % à Bâle-Ville, en raison de l’importance de son industrie pharmaceutique. Cette population travaille, gagne sa vie, fait fonctionner l’économie et paie des impôts. Dernière nouvelle en date, « les coûts des prestations TARMED facturés à la charge de l’AOS (assurance obligatoire de soins) augmentaient chaque année d’environ 400 millions de francs. Cela n’a pas été le cas au cours de l’année 2018. Au contraire, les coûts ont diminué de 119 millions de Francs, principalement en raison de l’intervention du Conseil fédéral sur le tarif au 1er janvier 2018 » 

En savoir plus : https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-77387.html

C’est surement une bonne nouvelle pour les assurances, et nous l’espérons, une diminution des primes pour les assurés.

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